Maine Océan
Jacques Rozier
Dejanira, une danseuse brésilienne, prend un train en gare Montparnasse. N'ayant pas composté son billet, elle se retrouve confrontée à deux contrôleurs pointilleux. Une avocate intervient et propose de faire l'interprète.
Il est beau, le titre du dernier Rozier. Il est beau et il en dit long : sur la nature du film, sur son identité. Maine Océan, c’est d’abord un mouvement, une ligne de fuite, l’irrésistible dérive d’un contrôleur de la SNCF. Et puis les lieux qui matérialisent et bornent ce mouvement : le film commence effectivement à la Gare Montparnasse, avenue du Maine, et s’achève au bord de l’Océan. Maine Océan, c’est aussi l’indication du type d’humour que déploie ici Jacques Rozier, un humour basé sur la langue, plus précisément sur le malentendu. Quoi de plus cocasse que ces deux noms d’eau qui, accolés, dénomment le plus terrestre des moyens de locomotion, le train Paris-Saint Nazaire de dix-sept heures vingt-huit ? En poussant jusqu’au bout ce petit jeu de la déclinaison, on peut, rien qu’au titre, reconnaître la place qu’occupe le film dans le cinéma d’aujourd’hui. Maine Océan, c’est la rencontre de l’eau douce et de l’eau salée. A marée montante, la vague remonte le fleuve : c’est le « mascaret ». Maine Océan tient du mascaret : c’est une vague submergeante, un phénomène cosmologique, complètement à contre-courant du fade déversement qui s’opère au quotidien sur nos écrans.
(Hervé Le Roux, Cahiers du cinéma, n°382, avril 1986)
- Interprétation
- Bernard Menez, Luis Rego, Yves Afonso, Rosa-Maria Gomes, Lydia Feld
- Scénario
- Jacques Rozier, Lydia Feld
- Photographie
- Acacio de Almeida
- Son
- Nicolas Lefebvre, Alain Garnier
- Montage
- Jacques Rozier, Martine Brun
- Musique
- Chico Buarque, Francis Hime, Anne Frédérick, Hubert Degex
- Production
- Les Films du Passage, French Line, Antinea, FR3 Cinéma