Un jour j'ai feuilleté un livre de photos prises en Afrique, et, sans connaitre ce continent, convaincu seulement par les regards émouvants et les visages de ces gens sans défense devant l'ouragan qui s'approche d'eux, j'ai pensé qu'on pouvait mettre en évidence dans ce pays la chute d'une certaine culture, considérée comme une culture primitive par les autres civilisations plus industrialisées et elles-mêmes privées de culture, donc encore plus primitives. La destruction d'une culture au sein d'un microcosme de relations humaines pouvait s'inscrire dans le genre de la fable que j'essaie de poursuivre dans tous mes films. J'ai écrit le squelette de cette fable et je suis parti en Afrique pour les repérages avec l'idée de justifier l'arbitraire et l'a priori de mes idées. Je voulais que la matière humaine qui allait incarner ma pensée soit tout à fait dans le sens de cette idée de pureté. (…) Voyager sur des crocodiles, souffler et déclencher le vent, faire revivre quelqu'un qui a la tête coupée, produire le feu ou la pluie instantanément par la parole, tout cela appartient aux contes africains. Notre but était d'établi dès le début du film un contrat avec le spectateur : rien n'est étrange, tout est réel, simple et possible.
(Otar Iosseliani, Cahiers du cinéma, n°427, janvier 1990)
- Interprétation
- Sigalon Sagna, Saly Badji, Binta Cissé, Marie-Christine Dième, Alpha Sane
- Scénario
- Otar Iosseliani
- Photographie
- Robert Alazraki
- Son
- Alix Comte
- Montage
- Otar Iosseliani, Ursula West, Marie-Agnès Blum
- Musique
- Nicolas Zourabichvili
- Production
- Les Films du Triangle, Direkt Film GmbH, La Sept