Bande à part
Une sélection de films issus des collections de La Cinémathèque française
Dialogues mis à part, par quels moyens sonores des cinéastes ont-ils suggéré un genre, énoncé un parti-pris, transcrit une émotion ? L’élaboration d’une bande-son est un travail complexe qui offre une infinité de possibles. Ce programme aux formes diverses aborde trois champs sonores : le bruitage, la musique, le commentaire, et convoque la force d’évocation du muet.
Kobakhidze joue avec les sons à la manière de Tati ou Iosseliani. En témoignent les bruitages précis, ordonnés, et la musique qui, dans l’écoute ou sa pratique, rythme le quotidien. Dans Lampa, la bande son s’apparente à un film d’horreur alors que la théâtralité de Hamles, tragédie burlesque oscillante et instable, s’exprime à travers les corps et le texte d’une chanson entêtante. Faut-il se passer de commentaire ? Les propos scandés dans Actua 1, son discours radical, sont indissociables du caractère politique du film de Garrel tourné en mai 68. En revanche, Guy Gilles a-t-il seulement voulu que l’on conserve le commentaire poétique qui accompagne Chanson de gestes ? Finalement, quelle en est la nécessité ? Les instruments métalliques de Lichtspiel, Schwarz-Weiss-Grau invitent toutes sortes de sons : tintement, déclenchements de mécanismes, que ce film muet ne peut que suggérer. Enfin, Bruce Conner nous offre le plus beau retournement de musique sous les pas d’Antonia Christina Basilotta.
Chanson de gestes et Actua 1 sont des tirages réalisés en 2011 et 2014 par La Cinémathèque française.
Svadba de Mikhail Kobakhidze
(Géorgie, 1964, 35 mm, noir et blanc, sonore, 21 min)Chanson de gestes de Guy Gilles
(France, 1965, 35 mm, couleur, sonore, 14 min)Hamles de Jerzy Skolimowski
(Pologne, 1960, 35 mm, noir et blanc, sonore, 8 min)Lichtspiel, Schwarz-Weiss-Grau de László Moholy-Nagy
(Allemagne / Union soviétique, 1930, 35 mm, noir et blanc, muet, 5 min)Lampa de Roman Polanski
(Pologne, 1959, 35 mm, noir et blanc, sonore, 8 min)Actua 1 de Philippe Garrel, Serge Bard et Patrick Deval
(France, 1968, 35 mm, noir et blanc, sonore, 6 min)Breakaway de Bruce Conner
(États-Unis, 1966, 16 mm, noir et blanc, sonore, 5 min)Programme composé par Samantha Leroy, La Cinémathèque française