Herman Slobbe est un jeune garçon aveugle que Johan van der Keuken avait rencontré deux ans plus tôt au cours du tournage de son précédent film sur la cécité L'Enfant aveugle (1964). Le réalisateur filme ses déambulations et la confrontation de l’adolescent avec le monde extérieur.
Van der Keuken lui donne le micro, c’est lui qui interroge et enregistre le monde. Il s’identifie avec cette rage de teenager qui hurle comme pour mieux exorciser le mal : « Phtisie, furoncles, choléra, peste… » Avec lui, Van der Keuken filme l’avènement de la jeunesse à l’état de classe à part entière. Il écoute une musique « jeune » sur son magnétophone à bande. Il est sur l’herbe à écouter la course automobile qui passe, concentré. C’est lui qui fait le son. En mettant le jeune aveugle dans la position du reporter, VDK le met à sa place. Une parabole du métier de cinéaste, que VDK signifie ici comme un travail de recomposition de la réalité, rendu plus aigu encore quand il y a déficience des sens. « Les personnages qui sont handicapés, disait-il dans Les Cahiers du cinéma, sont souvent dans mes films parce qu’ils cassent la représentativité. Cette position un peu marginale par rapport à la normalité leur permet d’avoir une vue plus perçante sur ce que serait le normal, le réel. D’où aussi la thématique de la cécité, de la surdité, des sens bloqués, qui me semble être celle d’une lucidité par rapport à une perception brisée, fragmentée. »
(Annick Peigné-Giuly, Images documentaires , n°29/30, 1er trimestre 1998)
- Scénario
- Johan van der Keuken
- Photographie
- Johan van der Keuken
- Son
- Dick Polack, Jaap Gerritse, Herman Slobbe
- Montage
- Johan van der Keuken, Cor Brand
- Musique
- Archie Shepp
- Production
- V PRO