La Terre au ventre
Tony Gatlif
En Algérie au cours de l’hiver 1962, alors que la violence de la guerre d’indépendance déchire le pays, une femme et ses quatre filles vivent dans la plus parfaite indifférence de ce qui se passe autour d'elles. La mère, mourante, refuse de s’alimenter et ne cesse d’insulter ses enfants. Angèle, l’ainée, s’occupe seule de la ferme familiale.
« Ce film est le regard de l'enfant que j'étais pendant la guerre d'Algérie », écrit en exergue Tony Gatlif. La mémoire en effet compose et articule chaque image de ce film. En reprenant l'atmosphère de La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, un foyer sans présence masculine, Tony Gatlif constitue tout d'abord un lieu d'existence, un espace temporel où la vie passe et se passe de son sens. [...] Tony Gatlif a eu l'intelligente idée de situer l'action dans un paysage qui ressemble à la France et non pas à l'Algérie. La reconstitution de certains faits historiques qui ne sont pas représentés mais simplement élaborés par le son (bruits de mitrailleuses, cris de joie à la Libération, etc.) donnent une dimension autre aux images. On ne peut plus considérer la Guerre d'Algérie comme un événement lointain dans le temps et l'espace. La guerre est ici dans le ventre de la terre et, comme l'indique bien le titre du film en inversant les mots, cette terre est dans notre ventre. La Terre au ventre ou ce ventre qu'on essaye d'ensevelir sous les décombres d'un passé trop gênant, à chaque fois que les êtres humains préfèrent le silence à la vérité.
(Léonardo de la Fuente, Cinéma, 1979)
- Interprétation
- Betty Berr, Anne Haybel, Marie Kéruzoré, Marie-Hélène Rudel
- Scénario
- Tony Gatlif
- Photographie
- Charlet Recors
- Son
- Jean-Paul Minassian
- Montage
- Sophie Tatischeff, Françoise Clausse, Maryse Hache
- Production
- JKL International