Sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, deux vagabonds, Pierre et Jean, mi-clochards, mi-pèlerins, vont faire d'étranges rencontres. Voyageant dans l'espace et dans le temps, ils deviendront les témoins de toutes les formes d'hérésie ayant existé depuis l'avènement du christianisme.
Bunuel mêle le plus simplement du monde, et comme s'il ne pouvait en être autrement, le présent au passé, le réel à l'imaginaire, l'autoroute du Sud aux paysages de Palestine, une auberge espagnole à l'auberge de Cana, et les discours de Priscillien l'hérésiarque aux palabres d'un maître d'hôtel aussi ferré sur les preuves de l'existence de dieu que sur l'ordonnance d'un menu. D'un sujet « impossible », Bunuel tire en définitive un film étonnamment vivant, chaleureux, mordant, ironique, traversé de cris de colère contre la sottise des hommes, leur hystérie, leur cruauté, leur intolérance, mais empreint également d'une sourde et pathétique admiration pour leur soif d'espérance et de vérité. Film totalement « ouvert » dont les facéties et les obscurités sont moins là pour nous berner que pour rendre plus excitante cette étrange promenade dans les clairières, les broussailles et les fourrés d'une prodigieuse aventure intellectuelle et spirituelle. Film surtout d'un poète qui, sur un thème qui n'a cessé de le hanter, nous raconte à sa manière ses rêves, ses phantasmes, ses souvenirs d'enfant, ses incertitudes et ses révoltes d'homme.
(Jean de Baroncelli, Le Monde, 17 mars 1969)
- Interprétation
- Paul Frankeur, Laurent Terzieff, Delphine Seyrig, Edith Scob
- Scénario
- Luis Bunuel, Jean-Claude Carrière
- Photographie
- Christian Matras
- Son
- Jacques Gallois
- Montage
- Louisette Hautecoeur
- Musique
- Luis Bunuel
- Décors
- Pierre Guffroy
- Production
- Greenwich Film Productions, Medusa Produzione