Le poète Jean Cocteau se retrouve projeté à travers le temps. Il va croiser sur son chemin ses propres créations : Cégeste, la Princesse, Heurtebise… Muni d’un talisman, il explorera la « zone intermédiaire », celle où vivent les symboles et les divinités qui hantent son oeuvre.
Dans Le Testament d’Orphée, quand Cégeste ressuscité ou plutôt resurgi de l’écume et du feu, tend au poète une fleur morte, celui-ci s’étonne et s’inquiète d’un pareil don. Cégeste lui dit alors : « Vous êtes expert en phénixologie. » Ce terme pseudo-scientifique, inventé par Cocteau, pourrait servir de sous-titre à son film […]. Le Testament, en effet, n’est tout entier qu’une méditation (méditation formelle et non pas discursive) sur la mort et la résurrection, phénomènes simultanés que la duperie de la notion du temps et de l’infirmité de nos sens entrainent nos esprits à considérer comme successifs. Le passé et le présent, le loin et le près, le temps et la distance, la veille et le rêve, le quotidien et l’insolite, la création et ce qui la détermine ne sont que moires courant à la surface d’un continuum, ou mieux, d’une omniprésence éternelle. Au XVIIIe siècle, Goethe, autre expert en phénixologie, combattait la science raisonnante de ses contemporains, définissait les couleurs comme « la souffrance de la lumière », surtout dédiait la plus belle épigraphe au futur Testament d’Orphée : « Meurs et Deviens ».
(André Fraigneau, Cahiers du cinéma, avril 1960)
- Interprétation
- Jean Cocteau, Jean Marais, Maria Casarès, Edouard Dermit, Henri Crémieux
- Scénario
- Jean Cocteau
- Photographie
- Roland Pontoizeau
- Son
- Pierre Bertrand, René Sarazin
- Montage
- Marie-Josèphe Yoyotte
- Musique
- Georges Auric, Martial Solal
- Décors
- Pierre Guffroy
- Production
- Les Éditions Cinégraphiques