Reprenant l'intégralité de la bande sonore d'India Song, Marguerite Duras y applique de nouvelles images et propose ainsi une longue et poétique réflexion sur la mort. Les voix sont toujours présentes mais les corps ne sont plus, ils ont laissé leur place à des lieux vidés par la mort.
Ce film, dit Marguerite Duras, est né d'une exigence. Avec India Song, elle avait fait un premier pas. Il lui a paru nécessaire d'aller plus avant, de simplifier encore l'épure, de balayer l'espace, d'en arriver à cette dissociation totale (qui n'exclut pas une mystérieuse complicité) de l'image et du son. Au bout de son ascèse, Marguerite Duras a trouvé autre chose : une écriture, une poétique, un cinéma différent. Ce film est important par ce qu'il détruit et par ce qu'il annonce. Il faut le voir en sachant qu'on n'y trouvera aucune des séductions (et des servitudes) de la narration classique. Il exige la patience, l'attention, l'abandon sans retenue à l'envoûtement qu'il propose. Envoûtement qui s'accompagne d'un plaisir sensuel plus encore qu'esthétique. Un plaisir d'une qualité rare.
(Jean de Baroncelli, Le Monde, mai 1976)
- Interprétation
- Delphine Seyrig, Nicole Hiss, Sylvie Nuytten, Marie-Pierre Thiébaut
- Scénario
- Marguerite Duras
- Photographie
- Bruno Nuytten
- Son
- Michel Vionnet
- Montage
- Geneviève Dufour
- Musique
- Carlos D'Alessio
- Production
- François Barat