Don Giulio (Nanni Moretti), curé sur une île paradisiaque, est muté dans une paroisse désertée de la banlieue romaine. L’occasion pour lui de se rapprocher de sa famille et de ses amis de jeunesse, ceux avec lesquels il avait voulu changer le monde. Mais comment aimer ceux qu’on aime, quand ils font tout pour se rendre haïssables ?
Nanni Moretti est le cinéaste comique le plus important depuis et avec Jerry Lewis, et La Messa è finita, son film le plus accompli, le plus cohérent et le plus drôle. Le personnage qu'il incarne n'a pas à être mis en scène car il est déjà, en tant que tel, obnubilé par des problèmes de mise en scène. (…) Dans ces rencontres, Don Giulio rate tout, jamais au bon endroit, au bon moment. Il fait le contraire de ce qu’on attend de lui (la scène du tribunal), n’est pas à la hauteur de la commande (parler à la maîtresse de son père) ou croit que l’autre a vraiment besoin de lui (Saverio) alors qu’il fait semblant. Le comique du personnage morettien, fondé sur le don de soi, de sa vie, à l’autre (à contre-temps et à contre-emploi), est poétique, pathétique et existentiel. A vouloir se donner trop aux autres, Moretti, cinéaste sportif, tel un nageur ou un footballeur, se lance à corps perdu dans la partie. Comme dans cette très belle scène où Don Giulio reçoit accidentellement un ballon, hésite, démarre au quart de tour (avec ce « timing » à la Lewis, c’est-à-dire avec trois tours de retard), fonce, drible tout le monde puis s’étale de tout son long : personne ne vient le ramasser et il constate amèrement que la partie (le monde) peut fonctionner sans lui.
(Charles Tesson, Cahiers du cinéma, n°391, janvier 1987)
- Interprétation
- Nanni Moretti, Ferruccio De Ceresa, Margarita Lozano, Enrica Maria Modugno, Dario Cantarelli
- Scénario
- Nanni Moretti, Sandro Petraglia
- Photographie
- Franco Di Giacomo, Carlo Tafani
- Montage
- Mirco Garrone
- Musique
- Nicola Piovani
- Décors
- Amedeo Fago, Giorgio Bertolini
- Production
- Faso Film