Nicolas Rey traverse de la Russie d’ouest en est et observe avec causticité les restes de l’Union soviétique, de la guerre froide, de Tchernobyl… Tourné avec des bobines super8 datant de l’URSS, la matière même du film incarne la mémoire qu’il convoque : il n’en faut pas plus pour parler de matérialisme historique, tendance Groucho.
Rare, hilarant et très sérieusement politique : un film culte – pour ceux qui l’ont vu.
La célèbre définition du communisme par Lénine, le « pouvoir des soviets plus l’électrification du pays tout entier », ce programme révolutionnaire qui inspire au film son titre, sera joué au pied de la lettre : Nicolas Rey part à la recherche de ce qui reste de la puissance de l’électricité (moins les soviets). Gardant sa direction principale, vers Magadan, port de la mer d’Okhotsk et centre d’une vaste région minière en Sibérie, il se livre, tout au long de son voyage transsibérien, à des détours peu touristiques sur des sites abritant des centrales d’énergie. Il s’approche de Pripyat, ville-fantôme près des réacteurs nucléaires de Tchernobyl, s’introduit dans la centrale hydroélectrique de Bratsk, pour contempler à travers le treillis les installations d’un immense barrage datant des années cinquante, tout en se rappelant son père ingénieur communiste.
(Christa Blumlinger, L’électricité, moins les soviets, Point ligne plan)
- Scénario
- Nicolas Rey
- Photographie
- Nicolas Rey
- Son
- Nicolas Rey
- Montage
- Nicolas Rey
- Production
- L'abominable