Le jeune Alex, terriblement habile de ses mains, est recruté pour un casse par deux gangsters, Hans et Marc, anciens complices de son défunt père. Alex refuse d'abord, mais tombe amoureux de la jeune Anna, l'amie de Marc…
Leos Carax est ce jeune homme dont naguère on aurait dit qu’il était né « avec le virus du cinéma » ou qu’il avait « le cinéma dans le sang ». Virus était alors ce petit mot gentil et le bon sang ne savait mentir. Ces métaphores avaient un air d’innocence : elles saluaient l’apparition du talent mais leur fond biologique restait inaperçu. Les choses ont dû changer (et pas seulement dans le cinéma) puisque dès son second long métrage Carax réintroduit le virus dans l’histoire qu’il raconte et le mal dans le sang de ses personnages. Alex, son héros, volera-t-il le virus qui guérira peut-être ceux qui font l’amour sans amour ? Et ce vol lui permettra-t-il de refaire – déjà ! – sa vie ? La maladie n’est-elle pas, de toute façon, un sujet de notre temps ? Et inclut-elle le cinéma au nombre de ses symptômes ? Lourd fardeau hérité, trop aimé par les uns, mal aimé par les autres, le cinéma « à la première personne » est-il, comme le disent trop de rats avant de quitter le navire, une maladie ? Graves questions, j’en conviens, mais il y a de la gravité chez Carax. C’est toute la « bonne santé » du cinéma français de rester, seul au monde, ce sismographe en bon état de marche, capable de produire un cinéma aussi déterminé que Carax et un film aussi bluffant, inquiétant, crispant et bouleversant que Mauvais sang.
(Serge Daney, Libération, novembre 1986)
- Interprétation
- Denis Lavant, Juliette Binoche, Julie Delpy, Michel Piccoli, Mireille Perrier
- Scénario
- Leos Carax
- Photographie
- Jean-Yves Escoffier
- Son
- Harrick Maury
- Montage
- Nelly Quettier
- Décors
- Michel Vandestien, Thomas Peckre, Jacques Dubus
- Production
- Les Films du Plain-Chant, Soprofilms, FR3 Cinéma