En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d’une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d’autres crimes similaires alimentent rapidement la rumeur d’actes commis par un serial killer. Dépassé par les événements, le policier local est rejoint par un inspecteur de Séoul pour faire avancer l’enquête…
Livrant au passage une étonnante peinture de la province coréenne et de l’état politique d’un pays refusant de plus en plus son régime militaire, Memories of Murder draine un lot de malades qui, saisis ici comme de la viande sur un gril, apparaissent dans toute la violence fumante de chairs marquées à vif. L’épaisseur du film, qui atteint la folle densité littéraire de certains polars, ne vire jamais à la lourdeur bouffonne et indigeste, trop attachée qu’elle est à contenir le mystère insondable et glaçant, presque fantastique, de nuits noires, ruisselantes et inévitablement assassines. Cet équilibre, on le doit à une mise en scène injectant de part et d’autre des images incongrues (une femme récurant les oreilles d’un flic, un ralenti inattendu sur un attroupement d’hommes) et d’audacieuses ruptures de rythme et de ton. Pris d’un véritable élan d’enthousiasme, on ne peut qu’ajouter à notre liste de réalisateurs à suivre de près le nom du très prometteur Bong Joon-ho.
(Amélie Dubois, Les Inrockuptibles, 2004)
- Interprétation
- Song Kang-ho, Kim Sang-kyeong, Kim Loi-ha, Song Jae-ho, Byeon Hee-bong
- Scénario
- Bong Joon-ho, Kim Kwang-rim, Shim Sung-bo
- Photographie
- Kim Hyeong-gyu
- Montage
- Kim Seon-min
- Musique
- Tarô Iwashiro
- Décors
- Yu Seong-hie
- Production
- CJ Ent