La vie amoureuse et tumultueuse de Nola Darling et de ses trois amants : Mars Blackmon, cycliste dont l'ambition est de faire rire Nola, Greer Childs, tombeur professionnel, et Jamie Overstreeet, le plus raisonnable des trois.
Il y a chez lui un côté Woody Allen, en plus généreux, en moins intello et moins égotiste. Spike Lee, c'est rare au cinéma, et c'est ce qui fait les bons acteurs-metteurs en scène, est à lui seul un personnage – et un personnage, faut-il le dire, irrésistible. Et Nola n'est pas un « cas » sociologique de voracité sexuelle ou un objet d'apologie, c'est, elle aussi, ce qu'on appelle dans la vie un sacré personnage. Dans tout cela, il y a non seulement une grande liberté de ton dans la façon de parler au présent et avec la plus grande drôlerie des rapports amoureux (la scène où Nola réunit à diner ses trois amants est à elle seule un morceau d'anthologie) mais une liberté d'allure comme on n'en trouve que dans certains films de la Nouvelle Vague, avec cette apparence de désinvolture en fait extrêmement virtuose, avec un très beau noir et blanc, qui ne fige jamais rien, et des procédés qui pourraient faire vieux cinéma des années 70 (les acteurs parlant à la caméra ou interpellant le spectateur) qui, comme le typage des trois hommes, sont subvertis par la façon complètement ludique dont le film précisément en joue. Ajoutez une musique superbe de Bill Lee (père de Spike) et vous aurez compris que She's Gotta Have It était le film le plus jubilatoire du festival [de Cannes].
(Marc Chevrie, Cahiers du cinéma, n°385, juin 1986)
- Interprétation
- Tracy Camilla Johns, Tommy Redmond Hicks, John Canada Terrell, Spike Lee, Raye Dowell
- Scénario
- Spike Lee
- Photographie
- Ernest R. Dickerson
- Montage
- Spike Lee
- Musique
- Bill Lee
- Décors
- Wynn Thomas
- Production
- 40 Acres & A Mule Filmworks