Une petite histoire subjective de l'animation
Accusé à tort d’avoir volé un juge, Claudiu Crulic est emprisonné en Pologne. Le jeune Roumain entame une grève dans la faim dans l’espoir de faire entendre son innocence. Avec son esthétique surréaliste, mélangeant différentes techniques de dessins, Anca Damian apporte un nouvel élan au documentaire animé.
« Réquisitoire implacable contre un système judiciaire kafkaïen, Le Voyage de Monsieur Crulic devait être un documentaire. Mais la réalisatrice roumaine a préféré le langage de l’animation qui lui a « donné la liberté de raconter cette histoire de la façon la plus personnelle et expressive possible ». Ce choix formel singulier sur un tel sujet confère une tonalité universelle à son propos, visant à « montrer les dérapages qui se produisent dans une société soi-disant civilisée, peuplée d’individus qui ont décidé d’être les témoins passifs d’une mort lente ». Dans la veine de Valse avec Bachir d’Ari Folman (2008), le film restitue à la première personne du singulier les souvenirs de Claudiu Crulic, dont chaque fragment correspond à une technique d’animation différente (papier découpé, photographies peintes, bande dessinée…). Peu à peu, le dessin de sa silhouette se délite jusqu’à ce que ses contours disparaissent. « Ce procédé permettait de recréer le vide qui s’est fait autour de Crulic », expliquait Anca Damian lors du dernier Festival d’Annecy où elle a reçu le Cristal du meilleur long métrage. Un prix mérité pour une œuvre engagée contre l’oubli. »
(Stéphane Dreyfus, La Croix, Décembre 2012)
- Interprétation
- Vlad Ivanov, Jamie Sives, Sandrine Bonnaire
- Scénario
- Anca Damian
- Photographie
- Dan Panaitescu, Raluca Popa, Dragos Stefan
- Son
- Piotr Witkowski
- Montage
- Catalin Cristutiu
- Musique
- Piotr Dziubek
- Production
- Anca Damian