34e édition Cléo - Le temps de vivre
Paris, 1962. La guerre d’Algérie s’achève tout juste avec les accords d’Evian. Chris Marker et Pierre Lhomme descendent dans la rue et interrogent la vie parisienne au travers d’une même question : « Qu’avez-vous retenu de ce mois de mai » ? D’une enquête sur le bonheur, le travail et les loisirs, le film progresse lentement vers le portrait psychologique d’une époque au sortir de la guerre. Puissante réflexion humaniste et oeuvre-clef du « cinéma-vérité ».
« Le Joli Mai est très réactif à ce qui fait les années soixante, le consumérisme. Alors que l’occupation allemande et la Seconde Guerre mondiale imprègnent encore les mémoires, que la décolonisation et que les guerres d’indépendance ont des conséquences traumatisantes, la démocratie, question de fond du captivant documentaire de Chris Marker et Pierre Lhomme, apparaît comme un acquis que personne n’interroge. Si le film contemple avec causticité les choses emblématiques de la modernité, il remet aussi en cause une manière de se rapporter au monde, de travailler, de parler, d’aimer et, évidemment, de considérer le bonheur. La civilisation n’est pas l’art de l’électroménager. Dans ce contexte de grande consommation, les auteurs tentent d’aller au-delà des apparences. Avec grande intelligence, ils incitent chacun à s’ouvrir à des buts plus spirituels, à se poser des questions sur sa place dans l’histoire, son rapport au politique (et au gaullisme), ainsi que sur l’exercice de la souveraineté. Anticipation troublante de la révolution de mai 1968, cette quête immatérielle qui nécessite une confrontation passe par des canaux on ne peut plus concrets et techniques. »
Nathalie Mary, « Le Joli Mai ou les prémices d’une révolution », Vertigo n°46, 2013.
- Interprétation
- Yves Montand (voix)
- Scénario
- Catherine Varlin, Chris Marker
- Photographie
- Pierre Lhomme
- Son
- Antoine Bonfanti, René Levert
- Montage
- Eva Zora, Annie Meunier, Madeleine Lacompère
- Musique
- Michel Legrand
- Production
- Sofracima