Ado Arrietta
Réalisateur
Né à Madrid, Ado Arrietta découvre le cinéma à sept ans lorsqu’on lui offre un « Cinematik » avec lequel il projette des dessins animés.
À vingt-deux ans, en 1964, il réalise un premier court-métrage, Le Crime de la toupie, avec pour acteur son ami Xavier Grandes, qui sera dès lors de tous ses films. Après L’Imitation de l’ange, tourné deux ans après, Ado et Xavier viennent habiter à Paris.
En 1969, Marguerite Duras découvre, abasourdie, Le Jouet criminel, avec Florence Delay et Jean Marais. Une « distribution » qui n’a pas pour autant modifié sa méthode : les films sont autoproduits, réalisés sans scénario, le montage s’effectue en parallèle du tournage. Dans l’appartement de Duras commence un autre film, une autre folie inspirée de Sade, Le Château de Pointilly (1972), avec pour acteur Dionys Mascolo et une jeune fille du Flore, qui n’a encore jamais joué : Françoise Lebrun.
Dans le sillage de Mai 68, Arrietta devient le premier cinéaste underground. Son univers de conte de fées se peuple de nouveaux anges : ses amis travestis, les Gazolines, seront les héroïnes des Intrigues de Sylvia Couski (1974) et de Tam-Tam (1976). Les thèmes du cinéma d’Arrietta se précisent : des artistes rêvent de devenir à leur tour des oeuvres d’art, le corps est envisagé comme le site d’une nouvelle création, l’identité est inventée de toutes pièces.
En 1978, Flammes, avec Xavier Grandes, Pascal Greggory et Caroline Loeb, marque un tournant : Ado n’est plus producteur, le scénario est écrit pour la première fois plusieurs mois à l’avance.
Arrietta est aujourd’hui, en Espagne comme en France, méconnu, passion discrète de quelques- uns, éparpillés à travers le monde. Son nom ne figure pas assez à côté de ceux de ses frères en cinéma : Eustache, Garrel, Rivette, Schroeter, Warhol, Anger, Smith.
Une rétrospective intégrale de ses films a été programmée il y a quelques années, au festival Entrevues de Belfort.
Son dernier film, Belle Dormant, est présenté à Belfort cette année en avant-première.