Prix Gérard Frot-Coutaz 2023
Le Prix Gérard Frot-Coutaz, abrité par la Fondation de France, récompense un.e cinéaste français.e pour son premier long métrage de fiction (sorti dans l’année). Il est doté de 12.000 € et le jury est composé de trois personnalités du monde du cinéma et de la culture.
Le prix sera officiellement remis le 26 novembre prochain, lors du palmarès de la 38e édition.
Le lauréat 2023 :
Astrakan de David Depesseville, Tamara Films, New Story
Samuel est un orphelin de douze ans à l'allure sauvage. ll est placé depuis quelques semaines dans le Morvan chez Marie, Clément et leurs deux garçons. Samuel s'émancipe, découvre les sensations et les troubles de son âge, mais très vite il doit aussi faire face aux secrets de cette nouvelle famille. Jusqu’à ce que, un jour, tout en vienne à se transfigurer.
Le jury 2023 :
- Fabienne Babe, comédienne
- Valérie Massadian, cinéaste
- Gaël Teicher, producteur et distributeur (La Traverse)
Le mot du jury :
« […] La vie est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur […] »
Le jeune garçon est au zoo – un large couloir seulement éclairé par les vitrines murales auxquelles il se colle pour observer les araignées et les insectes enfermés. Il toque sur l’une des vitres, certainement dans l’espoir de faire réagir, bouger, ce phasme accroché à une branche à laquelle il essaye de se confondre – façon dont bien des espèces se cachent et se défendent d’une toujours possible agression. Off, sa mère le presse : « Dépêche-toi, Samuel, sinon tu ne pourras pas tout voir ».
Bientôt, on découvrira qu’elle n’est pas sa mère. Bien vite, on verra qu’il ne peut être phasme. Et qu’il voudrait ne pas se dépêcher parce qu’il aurait aimé ne pas tout voir.
Cette scène d’ouverture est le programme du film, qu’il tient avec une exigence, une force, une droiture, comme on soutient un regard quand on sait être dans le vrai. Et quelle position plus juste pour regarder les yeux dans les yeux que celle de se mettre à hauteur d’homme, ici à hauteur d’enfant ? Ce n’est pas la moindre des qualités de David Depesseville que de trouver en même temps, équilibriste qui n’a pas peur d’avoir peur, la juste hauteur de regard et la juste distance – celle qui nous fait aimer tous ses personnages, les plus sombres comme les plus lumineux – ce sont les mêmes, bien sûr – celle qui ne nous fait jamais douter des pouvoirs d’un rebouteux, celle qui nous bouleverse à la vue d’un cendrier de boutique touristique où il est inscrit « Je t’aime maman », celle qui fait que nous ne pouvons pas tout voir, mais croyons.
En + :
Astrakan est le film coup de coeur de la Région Bourgogne-Franche-Comté ; il a été tourné dans le Morvan.