Melvil Poupaud, double Je
Après Jacques Doillon (2013), Tony Gatlif (2014) et Otar Iosseliani (2015), c’est au tour du comédien-cinéaste-musicien Melvil Poupaud de nous ouvrir son laboratoire créatif.
À travers une sélection de ses films comme acteur et comme cinéaste – dont deux inédits – et une « carte blanche d’acteurs », Melvil Poupaud et ses complices nous emmènent au coeur du métier de comédien.
A 43 ans, Melvil Poupaud a 33 ans de carrière cinématographique derrière lui. Enfant acteur dès l’âge de 10 ans pour l’immense cinéaste chilien Raoul Ruiz, il grandit avec le cinéma et sa filmographie longue de 57 films à ce jour le voit passer par tous les âges de la vie, de l’ingénuité de l’enfance au sérieux de l’adolescence, du jeune adulte tendance dandy à l’homme méditatif, avec la même grâce inimitable qui le caractérise. Son corps qui se transforme au gré des rôles et des années traverse l’histoire du cinéma : des inquiétantes fantaisies de Ruiz (12 films ensemble) aux plus grands cinéastes français (Rohmer, Doillon), des comédies déjantées de Danièle Dubroux ou Laurence Ferreira Barbosa aux drames d’Arnaud Desplechin, Benoît Jacquot ou François Ozon, avec un détour par Hollywood (les sœurs Wachowski, Angelina Jolie) pour revenir s’incarner dans les films d’une nouvelle génération de cinéastes (Kamen Kalev, Nicolas Pariser, Justine Triet).
Mais Melvil Poupaud n’est pas seulement comédien. Musicien – il joue avec son frère Yarol Poupaud (l’un des fondateurs de FFF) dans le groupe Black Minou ou accompagne Benjamin Biolay à la basse sur son dernier album – et surtout, il filme depuis aussi longtemps qu’il joue, se réappropriant le corps qu’il prête aux autres et lui faisant subir les expériences les plus folles, poussant le questionnement du jeu (action ou vérité ?) jusque dans ses derniers retranchement pour composer une œuvre véritablement underground, expérimentale et secrète.