Remakes
Quand le cinéma s’inspire du cinéma : Entrevues propose une programmation éclectique où 17 films originaux se confrontent à leur(s) « remake(s) ». Des incontournables (De Palma/Hitchcock, Tarantino) aux plus inattendus (Wes Craven/Ingmar Bergman, Douglas Sirk/Robert Siodmak), en passant par une sélection d’ « autoremakes » (Ozu, Godard, Walsh etc), une séance de clips et deux cartes blanches à la collection FILM du Centre Pompidou et à l’espace multimédia Gantner, on évoquera le remix cinématographique sous toutes ses formes.
Depuis L'Arroseur arrosé (1895), tourné plusieurs fois par les frères Lumière, ou les différents plagiats du Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès, le cinéma n'a jamais cessé de refaire les mêmes films. Cet usage, qu'on appelle le « remake » (de l'anglais « refaire »), répond autant à une logique industrielle (remettre à jour des sujets exploités) qu'à un souci de perpétuation du passé. Il offre un excellent point de vue sur l'évolution des formes, comme sur la variété de celles-ci d'un pays ou d'un continent à l'autre. Nous avons moins retenu ses exemples canoniques (comme Ben-Hur ou Scarface), que certaines de ses aventures les plus stimulantes, secrètes ou inattendues (de Jean Renoir à Fritz Lang, de Douglas Sirk à Rainer Werner Fassbinder, d'Ingmar Bergman à Wes Craven). Reprenant les mêmes récits à des années de distance, le remake révèle les profondes mutations de la pratique filmique, comme les échanges fructueux et les écarts irréductibles entre cinématographies étrangères, et montre comment les cinéastes peuvent actualiser, perfectionner ou trahir leurs propres films ou ceux des autres. Avoué ou inavoué, évident ou subtil, conforme ou retors, le remake offre surtout un formidable outil de comparaison pour se promener à sa guise dans l'histoire du cinéma.
(Mathieu Macheret)