The Antique

Rusudan Glurjidze étudie la langue et littérature françaises à l’Université d’État de Tbilissi, puis l’écriture scénaristique et la réalisation à l’Université d’État de Théâtre et de Cinéma de Géorgie. Elle est membre de la société de production Cinetech Film. Son premier film, The House of Others remporte le Grand Prix à Karlovy Vary en 2016. The Antique est présenté en première mondiale aux Giornate degli Autori de Venise. 

Le mot du comité de sélection :
Une opacité énigmatique enveloppe certains pans du second long-métrage de la cinéaste géorgienne Rusudan Glurjidze, à l’image du poudreux manteau de neige qui recouvre les rives de Saint Pétersbourg arpenté par les trois personnages principaux Medea, Lado et Vadim, eux aussi en déroute. A qui appartient cette voix féminine qui dirige à distance les opérations de l’entrepôt d’antiquités clandestin comme dans une sorte de télé-réalité? Voici un exemple des nombreuses questions qui restent en suspens dans la tête du spectateur, sécrétant un hors champ mystérieux flirtant avec du Lynch. 
C’est justement l’une des qualités remarquables de cet ample drame que de ne pas lever le voile sur tous ses plis. La volonté de raconter un fait historique tragique, soit la déportation illégale de milliers de ressortissants géorgiens survenue en 2006, ne prend jamais le pas sur l’ambiguïté de la fiction, et donc du réel qui l’anime : en l’occurrence la Russie de Poutine (l’autre voix sans visage omniprésente dans le film par ses discours diffusés à la radio). 
L’apparent classicisme de The Antique est érodé par tout un réseau d’étrangetés discrètes de la mise en scène et du jeu des acteurs comme une petite colonie de termites viendrait ronger les boiseries d’un beau meuble ancien pour laisser apparaître une sculpture plus fascinante encore.
― Paola Raiman