Blue Velvet
David Lynch
The discovery of a severed human ear found in a field leads a young man on an investigation related to a beautiful, mysterious nightclub singer.
Si David Lynch s’entête à filmer, c’est, paradoxe infini, pour filmer l’immobile. Ça n’est plus du tout une impression, c’est le sujet précis du film. Qu’est-ce qui se passe par exemple, dans la cellule expérimentale d’une petite ville américaine ? Apparemment, pas grand chose : un espace momifié où, de toute éternité, les pelouses seront vertes tant qu’il y aura des fossiles humains pour les arroser. Même le temps semble amnésique : années 60 ou immédiate actualité ? A l’œil nu, impossible de décider. Mais si on bataille cet œil des lentilles-miracles du Docteur Lynch, on découvre alors des tas de choses passionnantes : du mobile dans l’immobile, du mouvement dans la station et, pour tout dire, beaucoup d’horreur dans la banalité. Avec la curiosité dévorante d’un grand voyeur qui aurait élargi au maximum son programme d’investigation (en tout cas bien au-delà d’une riquiqui Fenêtre sur cour), David Lynch se demande ce qui se passe chez les voisins d’en face. Et quand ce voisinage embrasse rien de moins que le spectacle du monde et les machines de l’univers, pas étonnant qu’on y découvre toute la monstruosité du vivant. Microscopique (holocauste de cellules entre elles) ou macroscopique (conflagration de systèmes planétaires), toujours et partout, c’est la guerre des mondes.
(Gérard Lefort, Libération, janvier 1987)
- Interprétation
- Isabella Rossellini, Kyle MacLachlan, Denis Hopper, Laura Dern, Hope Lange
- Scénario
- David Lynch
- Photographie
- Frederick Elmes
- Montage
- Duwayne Dunham
- Musique
- Angelo Badalamenti
- Décors
- Patricia Norris
- Production
- De Laurentiis Entertainment Group