The family of an older man who runs a small sake brewery become concerned with his finances and his health after they discover him visiting an old mistress from his youth.
Sur une branche morte
Les corbeaux se sont perchés
Soir d'automne
BashoLa jeune femme est attendue. Elle est veuve. Sans qu'elle le sache, on veut lui faire rencontrer dans un bar un homme qui cherche une épouse. Il la voit, elle lui plait. Elle repart et avant longtemps on n'en saura pas plus d'une intrigue qui s'annonçait comme un vaudeville.
L'histoire ainsi commencée tourne court. Soudainement on est ailleurs. On se croirait au début d'un autre film par la faute d'un monteur étourdi qui aurait confondu les bobines. L'écriture du scénario fut difficile et sa complexité révèle le grand art d'Ozu. Comme un auteur de haïku, il dessine des lignes qui ne sont pas directrices. Elles sont à voir plutôt qu'à suivre.
Le récit n'est pas guidé par une succession d'indices. Aucun suspense. Seulement le cours inattendu des choses, interrompu sans anticipation, l'histoire laissée en plan.
La jolie veuve est maintenant avec ses soeurs, réunies pour le deuil de leur père. Et soudain les voilà ensemble pour rien. Devant un vide qui n'est pas celui de l'absence mais de la présence. Le vieil homme, dont la famille attendait la mort, survient dans le cadre comme une apparition...
Et la circulation reprend. Simples passages dans l'embrasure du cadre. Des entrées, des sorties, sans avancée. « On est là » mais pas « on en est là ».
Une partie de cache-cache avec son petit-fils permettra au ressuscité une nouvelle échappée pour rejoindre son ancienne maîtresse. C'est elle qui entendra ses dernières paroles: « La fin, déjà la fin ».
Où tout cela nous a menés ?
Au pont qu'il faut traverser par dessus la large rivière en eaux basses, à l'écoulement tranquille, pour aller là où seront déposées les cendres. La procession de la famille endeuillée s'éloigne sans qu'on la suive.
Le couple de paysans, accroupi devant l'eau où il lave ses outils, l'avait prédit:
« - Il y a beaucoup de corbeaux aujourd'hui
- J'ai remarqué aussi
- Quelqu'un a dû mourir
- C'est probable »
(Jean-Claude Rousseau)
Film choisi par
Jean-Claude Rousseau- Interprétation
- Ganjiro Nakamura, Setsuko Hara, Yoko Tsukasa, Michiyo Aratama, Keiju Kobayashi
- Scénario
- Yasujiro Ozu, Kogo Noda
- Photographie
- Asakazu Nakai
- Montage
- Koichi Iwashita
- Musique
- Toshiro Mayuzumi
- Production
- Toho